Remarquabilité

Rappel des critères de remarquabilité établis par l’EPI en région PACA :
a/ individu exceptionnel par la taille et/ou l’âge.
b/ espèce rare, individu exceptionnel sur le plan botanique.
c/ alignements remarquables :
d/ ensembles arborés remarquables de plus de 100 ans.
e/ association végétale ligneuse caractéristique d’un milieu naturel exceptionnel.
f/ arbres marqueurs du paysage ou témoins de conditions particulières du milieu.
g/ arbres associés à un bâti typique ou historique.
h/ arbres immortalisés par un artiste, associés à un événement mémorable, etc.

Une hiérarchisation de la « remarquabilité » a été établie et une échelle de remarquabilité mise en place ; les arbres remarquables sont classés de 1 à 3, la remarquabilité 1 étant la plus forte. La remarquabilité 1 concerne les arbres, alignements, groupements les plus monumentaux ou les plus rares, et ceux qui conjuguent le plus de critères. Les remarquabilités 2 et 3 concernent les arbres, alignements, groupements moins spectaculaires ou conjuguant seulement certains critères et‚ pour certains d’entre eux‚ présentant une potentialité de remarquabilité 1 dans l’avenir.
Une catégorie a été crée afin d’enregistrer les informations liées à un arbre qui n’est considéré comme remarquable qu’à l’échelon communale. Cet arbre, qui ne peut être qualifié de R1, R2 ou R3 est un RC. Ces données permettent d’alerter les gestionnaires de la commune afin qu’ils soient attentifs à préserver cet arbre potentiellement remarquable.

Des difficultés de classement apparaissent suivant le point de vue où l’on se place, selon que l’on considère les dimensions, l’aspect esthétique, la rareté botanique, l’intérêt culturel, etc. La grande quantité d’arbres répertoriés fait que la hiérarchisation ne peut se pratiquer véritablement qu’à posteriori, par comparaison sur l’ensemble des enregistrements. Les arbres de remarquabilité 1 représentent 20% à 30% des arbres enregistrés.

Exemples d’arbres remarquables en région Paca

Pour effectuer une sélection immédiate des arbres rencontrés sur le terrain, et afin d’éviter une surcharge de travail d’enregistrement puis de sélection à posteriori, il est indispensable de préciser les limites de la remarquabilité majeure ou remarquabilité 1. Il s’agit donc d’élaborer, du moins pour les espèces les plus représentées, un « étalonnage » qui permette d’établir à partir de quelles dimensions, ou autres critères, un platane, un chêne pubescent ou un pin d’Alep sera considéré, dans notre région, comme remarquable.
Cet étalonnage est adapté aux principales espèces présentes sur chaque territoire recensé?


Le chêne vert de Valensole (Alpes de Haute-Provence),
remarquable par sa taille,
par son emplacement à la croisée des chemins
et parce qu’il ombrage une ancienne aire de battage

Principaux exemples de remarquabilité

Les observations sur le terrain, associées aux recherches bibliographiques et à la rencontre de spécialistes, dendrochronologues, forestiers, botanistes, ont mis en évidence plusieurs constantes :

Les arbres les plus remarquables sont majoritairement des individus isolés. Nous n’avons recensé que peu de groupements arborés monospécifiques, l’inventaire s’étant surtout passé en dehors du domaine forestier. Les alignements ont été pris en compte sur des critères paysagers et non biologiques.

Ces arbres majestueux qui ont traversé les siècles, ont échappé à la coupe pour de multiples raisons :

Proximité d’une habitation :

Arbre tenant lieu d’abri pour les troupeaux :


Chêne blanc du Baou de la Gaude à Saint-Jeannet, (Alpes Maritimes),
remarquable par sa taille et par son rôle d’abri pour les troupeaux.

Arbre toujours connu comme très ancien, et à ce titre respecté :

    • Olivier de Roquebrune Cap martin (06-104-01), évalué à 2000 ans,
    • Chêne liège à la Londe les Maures (83-071-09), estimé à 1300 ans.

Arbre associé à la vie religieuse et ayant échappé à des « abattages anticléricaux » lors de la révolution :

    • Micocoulier devant l’église du vieux village de Fox Amphoux (83-060-01)

Arbre classé ou labelisé :

    • Platane de Lamanon (13-049-01), classé le 26 février 1918 en tant que « site et monument naturel de caractère artistique ».
    • Pin d’Alep de Miramas le vieux (13-063-03) : label association ARBRES en 2000.

Arbre marqueur du paysage local et considéré comme patrimoine :

    • Pins d’Alep, plage des pins penchés à Carquairanne (83-034-01),
    • Les 3 pins parasols du carrefour de la Foux à Cogolin (83-042-02), immortalisés dans le film « le gendarme de St Tropez ».

Arbre immortalisé par un artiste et à ce titre ayant une valeur patrimoniale :

    • Pins d’Alep du chemin des Lauves, sous lesquels Cézanne venait peindre la Sainte Victoire (13-001-10).

Ces arbres, sauvegardés pour des raisons diverses, ont prospéré de façon exceptionnelle en particulier grâce à des facteurs stationnels favorables, et sont ainsi devenus des arbres remarquables pour leur espèce. Ces facteurs favorisants sont :

Les conditions édaphiques

    • par exemple, arbre au tempérament xérophile croissant en sol profond et fertile :
      le plus gros chêne-liège de toute la région, et probablement de France, parmi les vignes à La Londe les Maures (83-071-10) : circonférence, 7, 80m, couronne de 855 m2
    • arbre méso-hygrophile croissant dans un sol particulièrement bien pourvu en eau :
      Le platane du parc de Maison Blanche à Marseille, contiguë à une pièce d’eau (13-055-14), circonférence, 8.32 m
    • Le platane à 8 troncs sortant du Fauge, le torrent du parc de Saint Pons à Gémenos (13-042-12)

La situation d’isolement qui a permis à un arbre de développer toute sa couronne hors de la concurrence d’un groupement forestier ou d’un alignement :

    • Chêne pubescent de Grambois, seul dans une prairie (84-052-04)
    • Platane de Lamanon (13-049-01), ancien parc du château, couronne de 1250 m2.

Des conditions climatiques particulières et une protection durable du milieu favorisant un développement hors des normes de l’espèce :

    • Arbousier sauvage, Arbutus unedo, de l’Ile de Port Cros, espèce typique du paysage de l’île (83-069-11), circonférence 1,10m, hauteur 15m.


Un des chênes de Vérignon (Var)

Dans d’autres cas, une conjonction de facteurs particuliers, tant biologiques que culturels/économiques, a favorisé la persistance de groupements d’arbres exceptionnels :

    • Les chênes de la forêt de Vérignon dans le Haut Var (83-147-02)
    • Les chênes verts à Tourrettes-sur-Loup (06-148-03).
      Il s’agit dans ce dernier cas d’un groupement d’une vingtaine de chênes verts très hauts (certains ont plus de 20 m), qui entoure une très grosse et vieille yeuse d’une circonférence de 5, 20 m. Ces arbres épargnés au beau milieu des taillis, sont les témoins du temps où les habitants du lieu montaient jusqu’à la forêt de yeuse faire le charbon de bois. Ce groupe a sans doute été préservé, à la fois pour l’abri et peut être aussi pour la productions de glands, ramassés pendant que le bois se consumait dans la charbonnière proche.
      Les remarquables chênes verts de ce domaine constituent un ensemble exceptionnel pour cette espèce, en PACA comme dans le sud de l’Europe continentale ; ils sont situés dans une réserve biologique.